Le secteur de l’énergie, connu pour son inertie au changement, est en train de vivre une transition dynamique. Les contraintes liées aux changements climatiques, à la pauvreté énergétique et à la sécurité énergétique dans le contexte du développement et de la stratégie industrielle ont fait de l’adoption généralisée des énergies renouvelables et des technologies une solution essentielle. Les facteurs politiques, les développements technologiques et la coopération internationale ont fait passer ces technologies d’une situation de niche à celle de courant dominant, surtout au cours de la dernière décennie.
Même face aux bouleversements causés par la pandémie du Covid-19, les systèmes basés sur les énergies renouvelables ont fait preuve d’une résilience remarquable, démontrant ainsi la fiabilité technique d’un système électrique basé sur les énergies renouvelables avec une part élevée de solaire et d’éolien.
Selon le nouveau rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), le secteur mondial de l’électricité a économisé 520 milliards de dollars sur le coût des combustibles grâce aux énergies renouvelables.
La même source indique que le monde n’est pas en voie d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD) relatif à l’énergie d’ici à 2030. «Nous sommes cette année à mi-parcours de la période fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. L’ODD consiste à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable, notamment à atteindre l’accès universel à l’électricité et à parvenir à des modes de cuisson propres, à doubler les niveaux historiques d’amélioration de l’efficacité et à augmenter considérablement la part des énergies renouvelables dans le panier énergétique mondial ».
L’édition 2023 du Rapport de suivi consacré aux avancées de l’objectif de développement durable précise que les efforts actuels ne sont pas suffisants pour atteindre l’ODD à temps. Des progrès ont été accomplis sur des éléments spécifiques du programme de réalisation de l’ODD, par exemple l’augmentation du taux d’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité, toutefois ils sont insuffisants pour atteindre les cibles énoncées dans les ODD.
Stimuler le déploiement des énergies renouvelables
La crise énergétique mondiale devrait stimuler le déploiement des énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique. En effet plusieurs politiques publiques indiquent une augmentation des investissements. Cependant, les estimations de l’Irena montrent que les flux financiers publics internationaux à l’appui de l’énergie propre dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ont diminué depuis la période précédant la pandémie du Covid-19 et que le financement est circonscrit à un petit nombre de pays. Pour atteindre les cibles de l’ODD et faire en sorte que les populations bénéficient pleinement des avantages socioéconomiques du passage à l’énergie durable, il est nécessaire de réformer structurellement les finances publiques internationales et de définir de nouvelles possibilités de débloquer des investissements.
En outre, le rapport indique que «la dette croissante et la hausse des prix de l’énergie assombrissent les perspectives de réalisation de l’accès universel à des modes de cuisson propres et à l’électricité. Selon les projections actuelles, 1,9 milliard de personnes seront dépourvues de modes de cuisson propres et 660 millions n’auront pas accès à l’électricité en 2030 si nous ne prenons pas de nouvelles mesures et si nous ne poursuivons pas les efforts actuels».
Ces lacunes «auront un impact négatif sur la santé de nos populations les plus vulnérables et accéléreront les changements climatiques». Selon l’OMS, 3,2 millions de personnes meurent chaque année d’affections causées par l’utilisation de combustibles et de technologies polluants, qui augmentent l’exposition aux niveaux toxiques de pollution de l’air intérieur.
Par ailleurs, les efforts visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le chauffage et les transports, qui représentent plus des trois quarts de la consommation mondiale d’énergie, restent en deçà de la cible consistant à atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
L’intensité énergétique, c’est-à-dire la mesure de la quantité d’énergie consommée par l’économie mondiale par dollar de PIB, s’est améliorée de 1,8% par an entre 2010 et 2020. Ce chiffre est supérieur à l’amélioration de 1,2 % enregistrée au cours des décennies précédentes.
2020, la pire année en termes d’amélioration de l’intensité énergétique
Toutefois, le taux d’amélioration de l’intensité énergétique a ralenti ces dernières années au point de chuter à 0,6 % en 2020. Il s’agit donc de la pire année en termes d’amélioration de l’intensité énergétique depuis la crise financière mondiale, même si cela s’explique en grande partie par les restrictions liées à la pandémie, cette situation n’étant peut-être qu’un recul temporaire. Les améliorations annuelles jusqu’en 2030 doivent désormais se situer en moyenne à 3,4% pour atteindre la cible 7.3 de l’ODD.
Les flux financiers publics internationaux en faveur de l’énergie propre dans les pays en développement s’élevaient à 10,8 milliards de dollars des États-Unis en 2021, soit 35% de moins que la moyenne de 2010-2019 et seulement environ 40% du pic de 26,4 milliards de dollars atteint en 2017. En 2021, 19 pays avaient reçu 80% des engagements.
La production d’énergie de source fossile en baisse
A la fin 2022, la capacité mondiale de production d’énergie de sources renouvelables s’élevait à 3.372 gigawatts (GW), soit une augmentation record du stock de ces énergies de 295 GW, ou 9,6%. L’année dernière, un chiffre impressionnant est à relever : 83% de l’ensemble de la capacité de production ajoutée provenaient des énergies renouvelables. Celles-ci continuent de croître à des niveaux record malgré les incertitudes mondiales. La tendance à la baisse de la production d’énergie de source fossile s’en trouve confirmée.
«Cette croissance record et continue montre la résilience des énergies renouvelables, en dépit de la poursuite de la crise énergétique», a déclaré le Directeur général de l’Irena, Francesco La Camera. «Les arguments en leur faveur sont solides. Couplés à des politiques favorables, ils ont abouti à une tendance au renforcement, d’année en année, de la part d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial. Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, nous devrons toutefois faire tripler, chaque année jusqu’à 2030, les nouvelles capacités renouvelables».
Et d’ajouter: «Sachant que la demande d’énergie devrait augmenter dans de nombreuses régions du monde, la transition énergétique exige un changement stratégique radical, allant bien au-delà de la décarbonisation du côté de l’offre. A la lumière des récents événements dans le monde, toute expansion de nouvelles capacités non renouvelables doit être couplée à des efforts d’accélération de la transition énergétique, en vue de rendre le système plus résilient, plus inclusif et plus résistant aux changements climatiques».
(D’après l’Irena)